76

Bien qu’il n’eût point de torche, et tel un animal y voyant la nuit, le baron de Florenty donnait ses indications :

— À droite, huit pas… Puis à gauche… Tout droit sur quarante pas et tournez à gauche en étroit passage…

Derrière, mais assez loin encore, on voyait par instants les lueurs des torches des Condéens qui suivaient à la trace les quatre hommes dont le comte de Nissac portant en ses bras le corps inanimé de madame de Santheuil.

Se retournant, le baron de Frontignac lança :

— Ils gagnent du terrain !

Mais Florenty ne se laissait point troubler :

— Ici, c’est long passage étroit. Plus de cent pas. Attention à ne point rater le couloir sur la droite, qui forme un coude. Quand je vous le dirai, tâtez de la main la paroi de droite.

Sébastien de Frontignac n’y croyait plus. Ils avançaient dans un noir total, absolu, au milieu de grande puanteur, trébuchant souvente fois quand, derrière eux, les soldats de Condé disposaient de torches en grand nombre.

Pour le baron de Florenty, cette angoisse n’existait point. Il connaissait chaque égout, chaque souterrain et les avait reconnus avec les jésuites du duc de Salluste de Castelvalognes, puis seul, têtu, les yeux fermés, en ancien faux saunier qui sait à sa façon baliser un terrain, quel qu’il soit.

Le baron de Fervac, tout nouvellement nommé capitaine aux Gardes Françaises, ne s’inquiétait pas. Ainsi allait sa vie : combattre puis faire l’amour à Manon. Sans doute tomberait-il un jour mais à l’épée, il ne connaissait que l’invincible comte de Nissac qui pût se montrer meilleur que lui. Et s’il devait mourir aujourd’hui, en cet endroit des plus infects, il savait qu’il emmènerait avec lui quelques Condéens.

Le comte de Nissac fermait la marche, tenant toujours en ses bras puissants madame de Santheuil évanouie qu’il embrassait parfois en lui glissant des mots très tendres qu’elle ne pouvait entendre. En cet instant, il n’aurait pas accepté d’être tué ici. Lui, passe encore, qui s’était toujours cru promis à la fosse commune mais laisser le corps de Mathilde en cet égout puant !… En outre, il ressentait profond chagrin en songeant à la mort de son très cher ami Bois-Brûlé et de ce jeune fol de Dautricourt qu’il aimait comme un petit frère. Mais la peine n’était point tout : comment avait-il pu perdre deux de ses Foulards Rouges en moins de deux minutes alors qu’ils avaient traversé situations bien plus dangereuses que celle-ci ?

Trahison !

Une trahison, ou une imprudence, sans aucun doute, car les Condéens, bien dissimulés, les attendaient en ce traquenard, n’ayant point même mis les Espagnols en la confidence.

Trahison ?… Mais qui ?… Pas un Foulard Rouge, ils s’étaient tous battus comme des lions. Jérôme de Galand ?… Impossible, il avait fait montre de sa loyauté à mille reprises et ne pouvait savoir qu’il choisirait d’attaquer les Espagnols en bord de la rivière de Seine alors qu’ils avaient discuté de quatre objectifs possibles.

Restait l’imprudence. L’un d’eux, reconnu par un espion de la Fronde, avait été suivi et, plutôt que de les attaquer en l’hôtel de Carnavalet où il eût fallu les assiéger, les Frondeurs, bien avisés, les avaient surpris en pleine action, loin de leur base et du matériel qui s’y trouvait.

Une forte odeur animale, à quoi se mêlaient excréments et paille pisseuse, vint soudain aux narines des Foulards Rouges.

Le baron de Florenty lança :

— Nous y voilà !

Peu après, il alluma une torche qui devait attendre sur place depuis quelque temps. Nissac, Frontignac et Fervac ouvrirent des yeux ronds, tant le spectacle paraissait surprenant mais, déjà, Florenty tendait une barre de fer à Fervac :

— Aide-moi à ôter le dessus du cénotaphe, veux-tu ?

— Comment dis-tu cela ?

D’un geste agacé, Florenty désigna un long monument de marbre qui semblait luxueux tombeau. Il précisa cependant :

— Le cénotaphe est un monument élevé à la mémoire d’un mort mais qui ne contient aucun corps. Pressons-nous, les Condéens arrivent déjà !

Sans davantage s’étonner d’autres choses plus étranges encore qui se trouvaient en cet endroit, on bascula le couvercle du cénotaphe qui contenait mousquets, pistolets, cordes, petits barils de poudre.

— Il faut savoir songer par avance aux jours difficiles ! maugréa Florenty quand Frontignac le complimenta pour sa prévoyance.

Chacun se servit mais le baron de Fervac, qui n’en démordait pas, ronchonna :

— Tout de même, il y a choses bien surprenantes, en ce lieu !

— Vous en verrez d’autres ! répondit le baron de Florenty en s’engouffrant dans une ancienne galerie de mines.

Un parti d’une cinquantaine de Condéens suivait les Foulards Rouges à peu de distance, commandés à la fois par un colonel de la Milice et un capitaine des mousquetaires qui ne s’entendaient point, et leurs troupes pas davantage.

Dans le silence, un sinistre bruit de chaînes les étonna fort désagréablement.

Les deux chefs marchaient en tête lorsque, brusquement, une vision d’apocalypse les glaça d’horreur jusqu’à la moelle, et avec eux, toute l’avant-garde du parti Condéen.

Incapables de dire un mot, paralysés par la terreur, ils contemplaient une scène qui les effraya si fort que le chef des mousquetaires ne put retenir en son haut-de-chausses ce qui se fait habituellement sur la chaise percée, ou lieu isolé des regards.

Sur un fond d’un rouge tirant sur l’écarlate, devant lequel se trouvait le cénotaphe où avaient été posés deux bougeoirs de cristal dont les flammes, en raison du fond, semblaient rouges, un bouc chargé de chaînes les regardait fixement, les lueurs des torches se reflétant en ses yeux d’un noir d’encre qui semblaient voir jusqu’au tréfonds de votre âme.

— Le diable à Paris !… hurla le capitaine des mousquetaires en s’enfuyant.

Ses mousquetaires l’imitèrent, et ceux de l’autre parti firent de même si bien que le colonel de la Milice, un homme dans la cinquantaine qui s’était battu avec vaillance lors des engagements de la rue de Charonne, demeura seul, en tête à tête avec « la créature » qu’on appelait « le diable à Paris ».

Le colonel demanda d’une voix qu’il eut du mal à assurer :

— Serais-tu le diable ?

Le bouc agita ses chaînes.

Le colonel, perplexe, remarqua :

— Bruit de chaînes ne veut dire ni oui, ni non.

Le colonel décida d’en avoir le cœur net et, n’excluant point d’être foudroyé sur l’instant et réduit en cendres, il lança une claque sévère sur l’arrière-train du bouc qui s’écarta, visiblement incommodé par semblable traitement.

N’étant point tombé en poussière, et comprenant qu’il s’agissait là, malgré tout ce décorum, d’un bouc des plus ordinaires, le colonel éclata d’un rire phénoménal que répercutèrent fort loin et très longtemps les souterrains.

Mousquetaires et Miliciens revinrent un à un et, lorsqu’il croisa le regard du capitaine des mousquetaires, le colonel des Miliciens partit d’un nouveau rire.

Puis, chevauchant le bouc, il hoqueta et murmura entre deux sanglots :

— Morbleu, je tiens sans selle sur « le diable à Paris ! »

Les Miliciens rirent à leur tour, les mousquetaires montrant visages maussades à l’exemple de leur capitaine.

Puis, le colonel rassembla ses Miliciens et saisit l’extrémité de la chaîne du bouc.

— Vous partez ? demanda, mortifié, le capitaine des mousquetaires.

— Les Foulards Rouges sont trop loin et je leur dois trop franche partie de rire. Qui sait s’ils ne nous ont pas préparé quelque « buisson ardent » avec la paille du bouc ? Vous avez trente mousquetaires, ils sont quatre : je vous laisse l’honneur de leur capture.

Déçu, le capitaine des mousquetaires lança :

— Revenir ainsi, ayant échoué !… Revenir les mains vides !…

Le colonel de la Milice tira le bouc par sa chaîne, puis il regarda le capitaine et, juste avant d’exploser de rire, il lança en désignant le bouc :

— Mais point du tout !… Je ramène un prisonnier à votre duc de Beaufort !

Tous les Miliciens partirent à nouveau à rire sous le regard glacé des mousquetaires puis, entre les larmes que lui arrachait l’amusement, le colonel s’éloigna en emmenant ses miliciens et le bouc captif.

Il maugréa en gémissant :

— « Le diable à Paris ! »… Tudieu !…

Les mousquetaires humiliés avaient regagné du terrain ne s’étant point fatigués, tels les Foulards Rouges, à errer longuement dans les ténèbres avant d’atteindre le cénotaphe.

À l’entrée d’une ligne droite qui menait l’égout fort loin, Nissac, Fontignac, Fervac et Florenty ouvrirent un feu de mousquets, tuant trois de leurs adversaires et tiédissant l’ardeur des autres.

Le comte de Nissac ne laissait point à ses compagnons le soin de porter madame de Santheuil, toujours inanimée mais, fatigué, il ralentissait leur allure.

Le baron de Frontignac s’impatienta :

— Mais à la fin, Florenty, ils sont interminables, ces égouts !

— Près de sept lieues. Mais ils communiquent souvent avec des galeries de mines et des carrières fort anciennes.

Bien que pressés par les mousquetaires, les Foulards Rouges s’émerveillaient parfois de pièces d’eau souterraines, découvraient les soubassements et caves d’églises rasées depuis longtemps, trouvaient pièces d’or, armes rouillées et ossements humains, autels dissimulés sous terre aux premiers temps du christianisme alors persécuté…

On s’arrêta un instant et s’assit près d’un petit lac souterrain. Nissac, ôtant son gant, posa sa main sur le front brûlant de Mathilde :

— Elle a la fièvre.

Le baron de Frontignac avait justement opinion sur la chose :

— Pour la fièvre, le « chaud mal », il n’est qu’un remède : poser sur le cœur de madame de Santheuil cœur d’une grenouille de rivière.

— Me direz-vous, Frontignac, où je puis trouver cœur de grenouille en pareil endroit ? répondit Nissac avec lassitude.

Le baron de Fervac observa longuement, et non sans méfiance, le baron de Frontignac puis il se décida :

— Et contre la soif, baron, avez-vous remède simple ?

Frontignac n’hésita point :

— Il faut mettre en sa bouche pierre triangulaire que l’on trouve en la tête des carpes.

Fervac murmura.

— Malheureusement, je n’ai point là de carpe disponible afin de lui ouvrir la tête pour lui ôter pierre triangulaire et la mettre en ma bouche.

Fontignac en convint :

— Alors mettez-y une feuille d’oseille ronde !

Fervac regarda autour de lui :

— C’est que je n’en vois point !… Il n’y a ici que des champignons qui semblent pourris. Feraient-ils l’affaire ?

Au loin, on entendit de nouveau les mousquetaires dont les fourreaux des épées heurtaient les parois.

Le comte de Nissac regarda ses compagnons.

— Il faut en finir, avec ceux-là !

Cette portion d’égout était fort longue et les mousquetaires s’y engagèrent vivement.

Ils distinguèrent au bout de la ligne droite un homme qui éteignait sa torche et, heureux de voir enfin l’adversaire, ils prirent le pas de course avec beaucoup de détermination, ignorant que, là-bas, le comte venait d’allumer une mèche.

Une portion du souterrain s’effondra devant les mousquetaires qui, après un instant de flottement, revinrent en arrière où, à l’autre extrémité de la ligne droite, le baron de Frontignac allumait une autre mèche.

Une partie de la voûte croula en un nuage de poussière et les mousquetaires furent pris au piège, aucune galerie latérale n’existant en la portion d’égout où ils étaient captifs en raison des éboulements.

Cependant, se souvenant de la mort atroce des Vikings, le comte de Nissac n’avait point désiré enterrer vivants et à tout jamais ses adversaires. À dix, ils pourraient se dégager en quelques heures mais à une trentaine, en moins d’une heure, les charges de poudre à canon ayant été calculées à cet effet.

Les Foulards Rouges s’étant retrouvés par un égout de dérivation reprirent leur marche sous la conduite de Florenty qui, la torche à la main, se guidait sur des signes gravés ou peints sur les parois des galeries.

Parfois, il s’agissait d’une simple flèche. En d’autres lieux, c’était rose, hippocampe ou salamandre au motif travaillé par le ciseau habile d’un tailleur de pierre.

Enfin, on arriva dans une crypte puis devant un escalier bien entretenu qu’ils gravirent, le comte tenant toujours madame de Santheuil inanimée en ses bras.

Florenty, aidé de Fervac, souleva une lourde dalle qu’ils déplacèrent pour découvrir des bottes, puis, levant les yeux, un homme qui se tenait debout, bras croisés.

— J’ai un instant pensé que vous vous étiez égarés !

Le duc de Salluste de Castelvalognes, général des jésuites, attendait les fugitifs chez lui, en la cathédrale de Notre-Dame.

Il ajouta :

— Soyez les bienvenus !

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